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Le Gros Magnus
22 février 2017

Le nouveau métro boulot dodo

Chaque jour, la région parisienne enregistre 12 millions de déplacements domicile-travail, entraînant une saturation des réseaux de transport. Parallèlement, de nouvelles organisations du travail, comme le coworking ou les horaires décalés, se font jour permettant d'entrevoir des solutions pour simplifier les trajets des actifs. Chargées d'études à l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France, Mireille Bouleau et Pascale Leroi dressent un état des lieux. En 2016, « travailler » signifie encore couramment être salarié à temps complet, à durée indéterminée, et se rendre tous les jours dans un bureau. Cependant, les emplois atypiques se développent et deviennent la norme pour nombre d’actifs. Ainsi se multiplient de nouveaux modes de travail, s’écartant du modèle traditionnel : travail indépendant, à distance, coworking, emplois nomades, horaires décalés.... Côté mobilité, les préoccupations environnementales, la congestion des réseaux et la transformation de l’offre bouleversent aussi la donne et laissent apparaître de nouveaux comportements. Pour la première fois en 2010, la mobilité automobile décroit dans tout le cœur de l’agglomération parisienne. Les modes actifs explosent, notamment la marche à pied, mais également le vélo à Paris et en proche couronne. Les pratiques se recomposent. En quête de proximité, les Franciliens exploitent au maximum les ressources proches de leur domicile. Dans une société de plus en plus divisée entre individus hyperactifs, devant gérer de front toutes les facettes de leur vie, privée et professionnelle, et individus au chômage ou en sous-emploi, souhaitant travailler davantage, les besoins de mobilité se diversifient.Tout ceci intervient au moment où la révolution numérique génère un éclatement de l’unité de temps et de lieu, ainsi qu’une imbrication de plus en plus forte des sphères personnelles et professionnelles. La transformation de l’activité professionnelle a deux grands types d’impact sur l’organisation métropolitaine : spatial d’une part (télétravail, travail à domicile, emploi nomade, multi-activité, etc.), et temporel d’autre part (temps partiel, horaires atypiques, décalés, etc.), pouvant faire évoluer le nombre, les horaires et les modes de de déplacements domicile-travail. Ces évolutions rapides mènent à s’interroger sur l’organisation future des mobilités et des flux de transports franciliens. Inversement, si les modes de travail impactent fortement la mobilité quotidienne, les comportements et l’offre en matière de mobilité ont également des conséquences sur l’accès à l’emploi et sur l’attractivité économique régionale. En Île-de-France, la flexiblité (13% des salariés en emploi temporaire en 2013) et le chômage (9% des actifs) impactent la mobilité. 40% des chômeurs sont non-motorisés contre 20% des Franciliens ayant un emploi. A l’inverse, la multiplicité des contrats temporaires et des temps partiels conduit à cumuler les emplois, faisant augmenter mécaniquement le nombre de déplacements et les horaires atypiques. En parallèle, l’usage professionnel des outils numériques s’est largement diffusé. 92% des salariés des grandes entreprises sont équipés et peuvent travailler à distance. Facilitant le travail n’importe où et n’importe quand, ces outils ont rendu les frontières entre vie privée et professionnelle plus poreuses. Le numérique impacte également les méthodes de conception, de production et de collaboration. Il repousse les frontières entre services et industrie, déplace des marchés vers de nouveaux entrants, développe les organisations en réseau, et explique une partie de la croissance du travail indépendant. Les non-salariés (indépendants, chefs d’entreprise, aides familiaux), représentent 80% des gains nets d’emplois en Île-de-France entre 2008 et 2014. Travaillant encore souvent à domicile, les indépendants ont la plupart du temps la possibilité de « choisir » leur localisation professionnelle et maîtrisent, dans une certaine mesure, leurs horaires de travail. Le fossé se creuse entre des individus de plus en plus qualifiés et connectés et des individus sans qualification, souvent démunis face à la rapidité des changements.

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  • Chaque jour, une histoire, il faut donc que j'en parle car sinon personne ne le fera pour moi. Je suis le gros Magnus, un homme du grand nord exilé dans l'hexagone, pour le meilleur et pour le pire.
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