Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Gros Magnus
18 juin 2015

Quand la gauche casse l'école

La récente réforme des collèges a soulevé de nombreuses critiques et pose la question du rapport qu'entretiennent les Français vis-à-vis de l’école : autorité scolaire remise en question, augmentation des conflits entre familles et établissements publics, engouement pour l'enseignement privé... De quelle(s) intention(s), idéologies, les réformes mises en œuvres dans l'éducation nationales relèvent-elles ? Et dans quelle mesure est-ce que ces intentions à l'origine des différentes réformes mises en œuvre ces dernières années ont-elles pu participer à un affaiblissement du lien entre l'école de la République et les Français ? Comme une foule de choses bonnes ou mauvaises, l’expérimentation pédagogique est arrivée, vers la fin des années 1950, des Etats-Unis. Les pédagogues américains ont pensé que la transmission verticale des savoirs, à l’œuvre depuis deux millions d’années, ne convenait plus à l’enfant moderne, et qu’il fallait rééquilibrer la relation en le faisant constructeur de son propre savoir — d’où l’appellation de "constructivisme" donné à ces théories abracadabrantesques, mais fort répandues dans tout el monde occidental. En France, c’est la loi Jospin (1989) qui a définitivement consacré le triomphe de cette idéologie létale. Dans la foulée, Philippe Meirieu a imposé les IUFM (dont les ESPE sont aujourd’hui les héritiers hystériques), puisqu’à élève nouveau il fallait, bien entendu, des maîtres nouveaux, dont les compétences seraient d’abord didactiques avant d’être disciplinaires. À la source de ces délires dangereux, en France, l’idéologie de gauche transbahutée, via Mai 68, par les Jeunesses Ouvrières Chrétiennes et le SGEN-CFDT (actuellement fervent défenseur des réformes en cours). Ajoutez-y, côté enseignant, le rêve du SE-UNSA de ne plus avoir, dans l’optique du plan Langevin-Wallon de la Libération, qu’un seul corps de la Maternelle à l’Université. La haine de l’élite (à commencer par l’élite professorale) était née. Elle s’est transposée au niveau des élèves. Une fois que vous pensez avoir atteint la "vérité" pédagogique, il n’y a pas de raison de distinguer en quelque manière (d’où les tentatives nombreuses de répudiation de la notation) entre les élèves, idéalement tous égaux. Cette dictature des égaux a eu deux effets directs : elle a dégoûté ceux qui avaient quelques talents de plus, et anéanti ceux qui avaient des difficultés. C’est une idéologie du juste milieu, un rêve optimiste, qui ne correspond à rien de ce qui se passe dans la réalité des classes. Pierre Duriot : Il ne faut pas raisonner uniquement sur l'école et par l'école, même si le Goff, dans une récente interview accordée à Marianne, évoque avec raison l'irruption de la psychologie et du pédagogisme. L'institution n'a pas initié ce processus mais accompagné les changements sociétaux de la plus mauvaise des manières. A mesure que gagnaient dans la société les modalités d'un hédonisme moderne basé sur le principe de plaisir assumé, le temps de loisir, le tourisme, la consommation, l'école s'est conformée au mouvement au lieu de tenir les cadres et le rôle de garant d'une forme de stabilité. Pourquoi l'aurait-elle fait ? Parce que si le statut de l'enfant a changé, s'il est passé d'enfant à construire pour perpétuer, à celui d'enfant plaisir, voir même d'enfant jouet, destiné souvent justement, à ne pas grandir puisqu'il comble ses parents en tant que petit, la société à laquelle on livre ces enfant n'a pas foncièrement changé. Elle reste celle du travail, de l'argent, de la frustration et de la collectivité. L'école a contribué à ce que tout ce qui concerne l'enfant soit individualisé, a fait de lui le centre de tout, pour finalement le propulser dans une société où il n'est le centre de rien. D'où pas mal de problèmes d'adaptation qui font le bonheur des sociologues. Dans cette veine, on a banni l'autorité traumatisante, instauré le travail "en s'amusant", privilégié le bien-être plutôt que le savoir... au final, l'école ne fait plus grandir, n'émancipe plus, elle infantilise, déresponsabilise, les enfants, mais aussi parents. Ces derniers, faisant le choix de l'école privée, sont ceux qui se revendiquent une responsabilité éducative, le choix d'un travail, d'une rigueur, de principes et qui en ont les moyens. D'autres, revendiquent également leur rôle de parents mais n'ont pas la possibilité du privé. Et enfin, laisser la responsabilité à l'école est non seulement pratique mais électoralement payant. En plus de psychologiser, l'école a servi de terrain politique et idéologique.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Gros Magnus
  • Chaque jour, une histoire, il faut donc que j'en parle car sinon personne ne le fera pour moi. Je suis le gros Magnus, un homme du grand nord exilé dans l'hexagone, pour le meilleur et pour le pire.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité